Poéme de Rahel (1939)
La poétesse Rahel (de son vrai nom Rachel Blubstein, 1890-1931), immigra de Russie en Palestine en 1909 et passa la plus grande partie de sa vie dans la colonie agricole "Kineret'', au-dessus du lac de Tibériade, jusqu'à sa mort prématurée. Ses poèmes intimes et délicats mêlent un profond amour du pays d'Israël et de ses paysages à une expression lyrique personnelle; telle la Hana biblique à Shilo, la jeune femme sans enfant exprime-t-elle son désir de maternité. La composition de Ben-Haim est l'une des plus émouvantes du répertoire du chant hébraïque. Les deux premières strophes sont construites de façon similaire, alors que la troisième d'une métrique différente est une variante audacieuse représentant le passage du désir d'enfants à l'expression d'amertume et de nostalgie. La mélodie est en grande partie déclamatoire, avec des quintes descendantes au début de chaques strophes.
7 Hakhnissini (Prends-moi sous tes ailes,)
Poème de Bialik (1940)
Haim Nachman Bialik (1873-1934) est considéré comme le poète national hébraïque, exprimant les sentiments et les espoirs du peuple juif. Il immigra de Russie en Palestine en1924, où il contribua grandement à la vie littéraire et culturelle du pays. Ben-Haim participa à une réunion traditionnelle du samedi après-midi, (Oneg Chabbat), dans la spacieuse demeure de Bialik a Tel-Aviv et fut profondément impressionné par la chaude personnalité du poète. En 1940, il mit en musique le poème Hakhnisini, l'un des plus fameux poèmes de Bialik qui donna lieu à de multiples interprétations : du poème d'amour intime à l'amour symbolique unissant la nation juive à la Sh'china, Présence divine. La musique de Ben-Haim adopta l'interprétation "nationale", recourant à la fois à des motifs de musique liturgique juive d'Europe orientale et à l'harmonie modale.
8 Shirei Yeladim (Poèmes pour enfants)
Poème de Miriam Yalan-Stekelis (1943)
Un: Poupée,
Deux: La pluie,
Trois: La montre fatiguée,
Quatre:Vent. Vent.
Cette série de chansons charmantes appartient à une catégorie qui décrit le monde de l'enfance vu par des adultes. Miriam Yalan-Stekelis composa la plupart de ses poèmes pour les jardins d'enfants. Ben-Haim exprime l'humour léger des vers, illustrant les mots par des mélodies simples et symétriques.
9 Shirim lelo milim (Chansons sans parole, 1952)
a. Arioso - b. Ballade - c. Mélodie Sépharade
Pour Musiques sans parole, Ben-Haim s'inspira de l'oeuvre de Ravel Vocalise (mieux connue sous le nom de Havanaises). Cette oeuvre présente l'effort radical accompli par Ben Haim pour se rapprocher du monde oriental, par la prédominance des éléments mélodiques sur les éléments harmoniques. Le premier chant se développe sur le mode de l'improvisation arabe (taxim), commençant par une progression serrée de secondes et de tierces, s'amplifiant petit à petit jusqu'à son paroxysme, tandis que le piano produit des sons de plus en plus nombreux. Cependant le patrimoine musical occidental reste encore présent dans les éléments de la reprise. Ben-Haim voulait que le premier chant soit interprété avec "indifférence" et le comparait au fredonnement du Bédouin dans le désert. Le troisième chant est basé sur le chant ladino "En el mar hay una torre" (dans la mer, il y a une tour) dont il réalisa pour Brasha Tsefira, en novembre 1950, l'adaptation musicale, avec solo pour harpe. Musique sans parole devint l'une des oeuvres les plus célèbres de Ben-Haim, interprétée aussi en version pour voix et orchestre, adaptée pour la plupart des instruments mélodiques.
10 At bein atzei Eden
(Toi, myrthe de l'Eden)
Tiré de"Bein Hadassim" (1965),
d'après Yehuda Halevi
Le cycle Myrtle Blossoms from Eden est l'une des compositions vocales les plus exquises de Ben Haim. Les voix de Soprano et Mezzo Soprano (ou Bariton) alternent dans les cinq chants, le chant final étant un duo. Pour le premier chant, Ben-Haim a choisi le texte d'un grand poète juif du Moyen age, Yehuda Halevi, créant un monde imaginaire idéal dans lequel on décèle un regard nostalgique tourné vers l'orientalisme premier de Ben-Haim, avec un léger rappel de Debussy et de Mahler. La délicate ligne mélodique est pleinement diatonique, la métrique irrégulière se modifiant sans arrêt.
11 Musique pour violoncelle
a. Moderato - b. Plutot rapide, vif - c. Lent
En 1962, Ben Haim termina un ambitieux concerto pour violoncelle qui fit suite à ses concerto pour piano et violon. Ce concerto fut interprété pour la première fois en 1970 par le violoncelliste américain Richard Kay et peu après par l'excellent violoncelliste israélien LUzi Wiesel. En 1972, le maire de Munich invita Ben-Haim à fêter ses 75 ans dans sa ville natale où il reçut une distinction honorifique. Traversant la rue, il fut renversé par une voiture. Paralysé, il restera cloué sur un fauteuil roulant. Malgré la gravité de son état, il se remit à composer à temps partiel et dédia à Uzi Wiesel en 1977, une oeuvre pour violoncelle solo. Ben-Haim fut de tout temps un grand admirateur de Bach qu'il considérait comme le plus grand des compositeurs et cette oeuvre s'inspire des Suites de Bach pour violoncelle solo. L'écriture idiomatique est d'une grande virtuosité, utilisant entièrement le potentiel du violoncelle. Le premier mouvement est dominé par un rythme de Sarabande, bien que le compositeur ait voulu une interprétation souple et rythmique "selon l'expression". La ligne mélodique parfois enrichie de doubles sons et accords, subit une accélération rythmique, puis une reprise du mouvement d'ouverture transposée en quinte inférieure. Le mouvement rapide s'inspire du rythme de la gigue, utilisant des rythmes binaires contrastés et une envolée essoufflée vers la fin. Le mouvement final est une fantasia lente, méditative et touchante.
Professeur Jehoash Hirshberg
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Le Professeur Jehoash Hirshberg enseigne dans le Département de Musicologie de l'Université hébraïque de Jérusalem. Il est l'auteur de "La vie et l'oeuvre de Ben-Haim" (Israeli Music Publications Ltd), et de Music in the Jewish Community of Palestine 1880-1948, a social History, (Musique dans la communauté juive de Palestine, 1880 -1948: une histoire sociale), (Oxford University press, 1995).
Paul Ben-Haim