Varda sings CD Charles Gounod
Critique de : Jérusalem Post
Auteur : Maxim Reider
Date : 7 mars 2002
Section : Arts
Chants d’amour et d’exil


En 1870, pendant la guerre entre la France et la Prusse, le compositeur français Charles Gounod, échappant à l’avancée des troupes ennemies, se sauva vers l’Angleterre. Il ne savait pas qu’une guerre d’une autre sorte, pas sanglante mais pas moins dévastatrice sur le plan personnel, se présenterait à lui. A Londres il rencontra une jeune et charmante, mais cependant excentrique et dominante, mezzo soprane dénommée Georgina Weldon. Non seulement Weldon lui fit connaître une poésie anglaise de première classe pour ses chants – par exemple Byron et Longfellow – elle lui servi aussi de directrice commerciale. Cependant, elle géra ses finances sans aucune logique, à tel point que quatre ans plus tard un Gounod presque ruiné fut obligé de fuir vers la France. Tout ce qui reste du mystérieux et tumultueux séjour de Gounod à Londres sont quelques belles mélodies intitulées ‘Mélodies londoniennes : chants d’Amours et d’Exil’. C’est autour de ces œuvres presque entièrement inédites que la soprane israélienne, Varda Kotler, concentre son deuxième album récemment publié chez REM en France. A Kotler, les mélodies ont apporté un plus grand succès qu’à Gounod. Ce disque, le deuxième de Kotler, a déjà été applaudi par la critique française et a même eu sa place dans le prestigieux registre professionnel de la Victoire de la musique, parmi d’autres enregistrements réalisés en France et à l’étranger. C’est un véritable succès pour une interprète si jeune, surtout une qui a été élevée en Israël. . « J’ai vraiment la chance qu’on aime ma voix en France », dit Kotler, qui est née à Tel-Aviv. « De nombreux artistes rêvent d’enregistrer, mais pas tout le monde y arrive ».

. Parlant de Gounod comme s’il était un ami proche, Kotler, qui partage son temps entre l’Europe, où elle mène sa vie artistique, et Tel-Aviv, où vit sa famille, dit : « Au départ, Gounod fut accepté à bras ouverts en Angleterre, mais il y eut plus tard des intrigues. Il s’y sentait plutôt isolé et pas vraiment heureux là-bas ». Née elle-même dans une ville, Kotler a passé son enfance dans un kibboutz. Et même aujourd’hui on sent que cette femme raffinée, à l’accent français presque inaperçu dans son hébreu natif, a reçu une éducation bien saine dans son kibboutz.

Cependant, ce n’est pas l’agriculture qu’elle a étudiée dans son enfance, mais plutôt le piano. « Ce fut ma première connaissance avec la musique classique », se souvient la chanteuse, qui plus tard fut admise à l’Académie de Musique de Tel-Aviv où elle étudia le chant chez Netania Dovrat pour continuer avec Rita Patane en Italie et à New-York puis avec Vera Roza à Londres. « Ma première formation au piano a été pour moi de grande importance », dit-elle. « Je dois beaucoup aux instrumentalistes. Si je veux apprendre comment faire de la musique pure, sans astuces, j’écoute Glenn Gould qui est considéré être un des meilleurs interprètes de Bach. Et des violonistes, surtout de Perlman, j’apprends comment chanter et produire un son parfaitement équilibré ». Après ses débuts en Israël, au Nouvel Opéra d’Israël et sur la scène des concerts, Kotler est partie à l’étranger pour se représenter en France, en Suisse et en Autriche. « Mon soprane doux convient à la musique liturgique ainsi qu’à certains rôles d’opéra, tels que Cherubino des Noces de Figaro, et d’autres », explique Kotler. Elle ajoute en souriant : « Siebel, qui était amoureux de Marguerite dans le Faust de Gounod, est un de mes rôles favoris ».

Kotler dit qu’elle s’identifie facilement avec la musique française de son nouveau disque, et surtout avec le lieder : « Tout d’abord, mon soprane doux y convient. Et deuxièmement, j’aime la musique française parce qu’elle est pleine de grâce et que sa ligne mélodique est si élégante ». La chanteuse pense que le genre exige une certaine maturité de la part de l’interprète, à la fois professionnelle et émotionnelle. Elle y est attirée plus que par l’opéra. « Cette finesse, cette attention aux détails les plus infimes, ces textes si touchants, qui sont pleins de sens, contrairement au libretti de la plupart des opéras. Je ne suis pas sûre d’avoir été capable de le comprendre au début de ma carrière ». « Bien sûr, le message humain est aussi important que les qualités vocales », conclut-elle. « Pour être précis, lorsqu’on fait de la musique il importe de faire exactement ce que le compositeur a voulu, mais on doit aussi tenter d’y donner son interprétation personnelle. Je pense que si je n’avais pas réussi à le faire j’aurais choisi une autre profession ».

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Varda Kotler