Varda Kotler - Ben Haim
Ecrit par Varda Kotler
Paul Ben-Haim: à propos des chants


Le cycle de chants : "Floraison du myrte d'Eden" (1965), un poème de Yehuda Halevi, que j'ai entendu pour la première fois sur la Voix de la Musique, m'a réellement ému ! J'ai décidé de rechercher des matériaux vocaux supplémentaires – une tâche qui s'est avérée ne pas être si simple que ça. A l'Institut de Musique Israélienne, j'ai trouvé les "Chants sans Paroles" et le cycle de chants "Floraison du myrte d'Eden". A la lecture de l'ouvrage du Prof. Hirschberg : La Vie et l'Œuvre de Paul Ben-Haim, il s'avéra que des œuvres supplémentaires se trouvaient dans les archives de Jérusalem. Rien n'aurait pu me préparer à cette aventure, parmi les piles de notes de musique que j'y ai retrouvées –toutes écrites de sa main, un véritable trésor ! A Munich, il avait écrit des dizaines de lieds. Il est vrai qu'il avait été influencé par Strauss. Après tout, il était un jeune homme d'un peu plus de 20 ans, mais il présentait tout de même la complexité, la délicatesse et le charme d'un artiste accompli. C'est un matériel de qualité qui a passé avec succès l'épreuve du temps et qui séduira tout amateur d'art.

Les chants de Hugo Von Hofmansthal : une matière plutôt rare. En tant que jeune poète allemand, Hugo Von Hofmansthal a écrit des poèmes, mais à un certain moment il s'est débarrassé de toute poésie pour écrire des pièces de théâtre. L'ouvrage du Prof. Hirschberg nous parle d'un échange de lettres entre le poète et Paul Ben-Haim, et les chants ont été composés et interprétés à l'époque en son honneur. Deine Antliz, la première partie, exprime l'admiration de la beauté, presque entièrement perdue, tandis que l'autre partie – une émotion profonde, la poésie d'un jeune homme parlant d'un grand amour. La combinaison de la musique et du texte, avec la composition musicale – créent un ensemble complet.
Vorfrühling : c'est le vent qui souffle d'un endroit à l'autre, qui voit tout mais reste caché. C'est celui qui connaît tous les secrets privés, qui transporte avec lui ses mémoires, ses ombres et ses parfums… Ben-Haim réussit à exprimer les manœuvres et les mystères qui sont dans la nature du vent. C'est la fin de l'hiver, la naissance du printemps, des senteurs parfumées dans l'air, de nouveaux espoirs et des ambitions.

Les chants de Morgenstern : Morgenstern est mieux connu pour ses rimes surréalistes, mais Ben-Haim a préféré souligner l'aspect lyrique de ses œuvres. Morgenstern appartenait au mouvement de Rudolph Steiner - un mouvement philosophique antimatérialiste en quête de nouveaux modes de vie en général et en faveur de l'expression artistique en particulier. Cette période a aussi été le témoin d'une révolution dans l'art de la danse : lebens bewegung et la rupture avec les conventions du passé. L'esprit général caractéristique de ce mouvement est le mysticisme et l'expressionnisme. Ben-Haim réussit avec merveille à transmettre cette ambiance par le biais de sa musique. Les chants deviennent un voyage intime dans les profondeurs de l'esprit humain.



Les chants de Bethge : Bethge était surtout engagé dans la traduction en allemand de la poésie japonaise, mais il a aussi écrit des œuvres originales. Ce cycle de chansons pour soprane, violoncelle et piano montre que Ben-Haim ne se suffisait pas des matériaux de routine et qu'il recherchait des textes particuliers.
Lied de Trubes – le deuxième chant du cycle est un des plus beaux que je connaisse dans la littérature des lieds.

Lorsqu'il émigre en Israël, Ben-Haim laisse derrière lui son univers allemand (mémoires anciennes et réalité nouvelle). Juste avant sa mort – le Prof. Hirschberg le convainc de faire don de son œuvre aux Archives Nationales – ce qui a permis de conserver ses notes et de ne pas perdre sa musique. En Israël, Ben-Haim subi un grand changement dans son style musical : il participa à la création d'un nouveau style juif-hébraïque dans le champ de la poésie : le lied hébraïque. Le lied hébraïque composé par Ben Haim est, à mon avis, pas moins original ni moins étonnant que le lied allemand. Il se présente en tant que brillant lied mélodieux et d'un magnifique texte poétique, et le résultat est une poésie limpide, sans aucune trace de pathétisme. Elle comporte une touche authentique de la beauté d'Israël, enchevêtrée dans un sentiment de nostalgie. "Chants sans Paroles" : chant vocal pour soprane. Ces chants sont plus connus pour leur interprétation avec violoncelle ou clarinette. Ici, Ben-Haim excelle dans l'écriture d'une mélodie orientale, selon une composition classique occidentale, qui lui donne un arôme particulier. Il accomplit ce mélange mieux que tout autre compositeur israélien. Il exprime ainsi l'état d'esprit qui sévit dans les collines de Judée par une chaude journée d'été, le désert, une danse orientale et de multiples expressions de chant espagnol.

Narcisse de Sharon : le premier chant d'amour composé sur le texte des Cantiques de Salomon. Il n'y a pas de rime symétrique fixe, tout comme dans la poésie allemande. Ben-Haim crée un chant d'amour sensible, dans un style israélien original.
Stérile (Akara) : un des plus beaux chants jamais écrits en Israël. Le désir d'enfant d'une jeune femme et son amertume sont exprimés avec intensité.

Toi, Myrte de L'eden : la première chanson du cycle de la Floraison du myrte d'Eden a été composée dans une ligne mélodique délicate qui s'accorde bien avec la poésie d'Ibn Gvirol. L'aimée est le Myrte (en hébreu : Hadas, prénom féminin) qui fleurit parmi les arbres d'Eden. Sac Parfumé est un pur et sublime parfum préparé pas par un pharmacien, mais en tant qu'œuvre d'art : c'est la création de Dieu plutôt que celle d'un mortel. Dans les dernières strophes : ne me demandez pas … le poète est parfumé des senteurs de l'amour, mais préfère ne pas consumer cet amour qui reste pur et inassouvi.

Prends-moi sous tes ailes : un des jalons de la poésie hébraïque. Ce poème de Bialik est un chant d'amour qui a reçu de nombreuses interprétations. Une chanson d'amour intime entre un homme et une femme, entre les hommes et Dieu, entre le peuple et sa patrie. Comme dans le Rouleau de Feu - la vie sépare le héros de son rêve et la crise s'exprime à travers ses paroles : "les étoiles m'ont déçu". Dans ce poème aussi, le peuple ou l'homme en a assez des déceptions, et recherche à la fois confort et évasion. Ben-Haim souligne l'interprétation nationale en citant les motifs et l'harmonie modale du chantre d'Europe Orientale. Indiquons que dans son œuvre, Prends-moi sous tes ailes, Ruth Becky Kolodany cite Pichman, qui suggère que Bialik aurait écrit ce chant d'amour à la suite de sa liaison amoureuse avec l'artiste peintre Ira Yan, qui a illustré ses poèmes avec ses dessins. Ben-Haim rendit visite à Bialik à Tel-Aviv et une relation personnelle s'établit entre eux, et il composa ce chant par la suite. La version de Ben-Haim a une intensité surprenante en comparaison avec l'air traditionnel familier.

Chansons d'enfants : Paul Ben-Haim transforme le texte de Miriam Yalan-Shteklis en une musique magique, espiègle et humoristique.
Sérénité : un air traditionnel bien connu qui reçoit un traitement très spécial : l'accompagnement délicat d'un violon solo qui contribue aussi à l'ambiance nostalgique.

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